DRH : arme suprême ou arme fatale des entreprises ?

Après trois ans de fonctionnement, DANLO, (PME spécialisée dans le développement des logiciels informatiques), avait un chiffre d’affaires annuel (2013) estimé à 106 000 000 millions F CFA.

En octobre 2014, l’entreprise décida de faire une levée de fonds de 700 000 000 millions de F CFA. Le dossier étant sur la bonne voie, DANLO décida de prendre les devants en convoquant une réunion extraordinaire du comité de direction, afin de répartir objectivement cette somme.

A cette réunion étaient présents les responsables de plusieurs fontions de l’entreprise : le responsable marketing, le responsable commercial, le responsable de la communication, le responsable financier, le responsable de la production, le responsable informatique et le directeur général. À cette réunion, chaque responsable présent pouvait émettre des idées, faire des propositions par rapport à l’impact que la stratégie générale d’entreprise aurait dans son domaine respectif.

En juin 2015, c’est l’effervescence dans l’entreprise. 590 000 000 millions de F CFA ont été levé sur les 700 000 000 millions de F CFA attendus. Tout est fait pour que le calendrier d’investissement soit respecté et ce fût le cas.

Sauf que, l’entreprise ferme en 2018 !

Sur twitter, les employés expriment leur mécontentement dû à une absence de communication interne, des droits des travailleurs bâclés selon la législation en vigueur. Des manifestations telles que des grèves se poursuivent. Le conseil d’administration ferme les yeux sur ces scandales sociaux, pensant pouvoir faire pression sur les avantages et les droits de ses travailleurs (mutuels, prévoyance sociale, salaires, primes). Seulement, des démissions collectives sont déposées, l’abandon des postes se fait ressentir et pour clôturer, l’affaire est médiatisée.

Les ventes décroissent, la santé financière de DANLO se fragilise. Une négligence et un management approximatif conduit l’entreprise à déposer le bilan en Avril 2018.

Les signaux d’alertes étaient pourtant connus : plaintes des collaborateurs, turn over, absentéisme sans fondements, burn out, climat social délétère.

Mais qu’est ce qui s’est passé ? Comment cela a-t-il pu arriver ?

Il s’est passé une seule chose fatale dès le commencement de l’entreprise DANLO. Cette chose fatale est que, DANLO n’avait jamais pris au sérieux la nécessité impérative d’avoir dans son staff un responsable des ressources humaines ou chef du personnel. Les dirigeants de DANLO avaient toujours estimé que le recrutement d’un responsable du personnel ou des ressources humaines n’était pas prioritaire, le comptable pouvant être en mesure de faire l’affaire. Comme dans plusieurs PME, la nécessité d’avoir un responsable du personnel ou des ressources humaines dans l’equipe de départ n’est pas perçue comme une nécessité absolue.

Déjà, le cas de DANLO n’est pas un cas isolé. Il nous rappelle juste que nous vivons et nous évoluons dans un milieu capitaliste. Un monde où on nous enseigne que l’argent vaut mieux que l’homme, et l’homme n’a pas plus de valeur que l’argent. Dans notre environnement, nombreux sont ceux qui pensent qu’une société tout comme une entreprise se construit prioritairement par l’argent ou par le capital financier. L’argent est le nerf de la guerre, dit-on. Mais en réalité, c’est mal connaître l’histoire de notre modèle économique et social calqué sur la France. La France, la mère patrie coloniale. Cette même France dont la construction a été fortement influencée par les idées et les travaux du sociologue Emile Durkheim. Comme pour dire que, la sociologie et les relations humaines précèdent l’économie et les relations capitalistiques. Et qui dit relations humaines en entreprise dit forcément Ressources humaines.

À ce sujet, Jacques Welch, l’ex patron mythique de General Electric, qui fut le consultant chèrement payé dans le monde, n’a-t-il pas déclaré lors d’une interview accordée au magazine Management que : « La Direction des Ressources Humaines devrait être l’arme suprême de toute entreprise » ?

DANLO, n’est ni plus ni moins qu’une entreprise parmi tant d’autres qui fait passer la Gestion des Ressources Humaines au dernier plan. Encore aujourd’hui, la Direction des Ressources Humaines est perçue par certaines entreprises comme une entité et une fonction purement administrative. Cette administrabilité qui lui est conférée se justifie par ses missions traditionnelles et inertes : paiements de frais généraux de l’entreprise, recrutement et licenciement du personnel. Or, le coronavirus nous apprend que nous vivons une nouvelle ère : l’ère des exigences sociales et des complexités environnementales grandissantes. Par conséquent, la Direction des Ressources Humaines devrait aussi être à l’heure actuelle un levier d’innovation sociale. Levier indispensable pour la performance et la prospérité d’une entreprise.

Malheureusement, il existe toujours certaines entreprises africaines qui continuent à croire que c’est le capital financier qui fait le succès d’une institution, oubliant que, l’économie est un championnat, et les matchs ne sont gagnés que par l’équipe qui allie les meilleurs joueurs et sait les faire travailler et évoluer ensemble. Qui mieux que le Responsable des Ressources Humaines saurait donc sélectionner, recruter, motiver, et fidéliser les collaborateurs talentueux.

Au final, si vous êtes le Président d’une équipe de football, passerez-vous plus de temps avec le comptable ou avec le sélectionneur ? Or, tout comme le selectionneur est la personne ressource très indispensable dans une équipe sportive, la DRH est l’arme suprême de toute l’entreprise.

Proyot.com, The new spirit of Business in Africa !

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